COMPTE-RENDU DE LECTURE
" LA GLOIRE DE MON PÈRE " DE MARCEL PAGNOL
( Écrivain et dramaturge français 1895-1974 )
Des souvenirs de sa propre enfance, qui n'en a pas ? La plupart des gens les gardent pour eux ou bien les partagent en petits comités. Une minorité, bien souvent des écrivains, les rassemble en un seul ou même plusieurs ouvrages. Marcel PAGNOL, homme de lettres, reconnu à juste titre pour son talent non seulement à écrire avec élégance mais aussi et surtout à transmettre des émotions, des atmosphères, des paysages et des senteurs, nous fait participer à sa manière au compte-rendu d'une période de sa vie et d'une région oh combien symbolique, la Provence, chère à son coeur.
Au delà de tous les résumés que l'on peut trouver ici et là et en particulier sur internet, je retiendrai de ce livre éblouissant de sincérité le lien privilégié qui lie un fils à son père; j'en veux pour preuve évidente le titre qui pourrait déjà en lui-même faire l'objet d'une rédaction ou mieux d'une dissertation. Un titre n'est jamais innocent, jamais donné ni choisi au hasard; le choix d'un mot ou d'une expression porte en soi l'idée directrice; ici, il est patent que Marcel PAGNOL voue une saine et franche admiration pour son père qui réussit en particulier à tuer deux superbes bartavelles ( perdrix rouges royales ) lors d'une partie de chasse.
Un fils fier de son père, quel bel hommage d'une génération à une autre, écrit sur le ton de la reconnaissance pure et sincère.
LA GLOIRE D'ANDRÉ SÉGARD PÈRE
BLÉRIOT-PLAGE, COMMUNE DE SANGATTE
« LA GLOIRE DE MON PERE », comment ne pas penser à son, à mon propre père ? Les années passent à une vitesse folle, c'est un constat que l'on fait volontiers une fois que l'on a atteint comme l'on dit un certain âge. Avec le recul, autrement dit l'âge mûr venant, une prise de conscience s'opère : nous devons tous quelque chose aux générations qui nous ont précédés, et je suis personnellement redevable à mon père de l'exemple qu'il m'a laissé en héritage et en référence.
Quoi de plus naturel, habitant au bord de la mer, que d'aimer la pêche, d'abord pour le plaisir, mais aussi bien sûr pour manger du frais. Suivant les heures des marées, surtout l'hiver par des températures voisines de zéro, elle demande de la passion et le sens de l'effort. Vouloir atteindre des objectifs nécessite bien sûr une certaine discipline louable à bien des égards vu que de temps en temps si ce n'est assez souvent, il fallait concilier les horaires de travail avec ceux des marées.
Mon père parlait peu, mais ses longs silences en disaient plus que les plus beaux discours exaltés faits le plus souvent par ceux qui n'ont pas grand chose à dire, tout compte fait. Il ne parlait pas des valeurs, il en avait, tout simplement. Fallait savoir l'écouter quand il parlait du travail et de l'école, deux monuments qu'il vénérait plus que tout. Servir de modèle n'est pas donné à tout le monde, ni même chose aisée, c'est une vigilance de chaque instant, et pour cela, il faut être doté d'une rigueur morale constante, capable de résister à nombre de tentations diverses.
Une vie remplie de travail et de dévouement, malheureusement interrompue brusquement par un accident de la route; mais là encore, quel courage et quel exemple à suivre ! Quelle énergie après être sorti du coma et des années de rééducation suite aux nombreuses opérations surmontées les unes après les autres. Chaque épreuve physique était l'occasion de montrer une force morale pour surmonter l'adversité et garder la tête haute en tant qu'être humain.
C'est bien souvent lorsque les personnes ne sont plus là que l'on remarque leur absence, et l'on se surprend à se remémorer des épisodes de la vie familiale entrecoupée de visites et en particulier celles de copains de toujours comme Jean HAMEREL ou Jean DOLBET par exemple, mais c'est surtout Roger ROBBE, compagnon inéluctable de la période tragique de la deuxième guerre mondiale qui a marqué une camaraderie du sceau spécial de la durée et surtout de la fidélité.
Un esprit de tolérance et de respect comme base à une ligne de conduite où la trahison n'a pas sa place, voilà le vrai droit chemin, celui de la dignité et de l'honneur qui triomphe toujours de la facilité où trop de gens s'engagent sans scrupules aujourd'hui comme hier. Une constance dans les principes, une générosité cachée par une froideur plus ou moins apparente pour ne pas dire un calme olympien, un esprit de sacrifice hors du commun, une humilité, une simplicité à dire que certaines choses se font et que d'autres ne se font pas, voilà une vraie richesse laissée en modèle, et même absent physiquement, être présent par et pour le devoir de mémoire où les souvenirs s'attachent à ne retenir d'abord que le positif et à être ensuite indulgent pour le reste car la compréhension est une forme de respect qui augmente avec le temps, et contrairement à ce que l'on entend assez souvent, le temps n'efface pas tout, il met seulement de la distance entre le présent et le passé et se prolonge inexorablement dans le futur.
Une vie d'homme public également reconnue unanimement, faite d'humilité certes mais également de vraie conviction à défendre un idéal de justice sociale. N'importe quelle vie s'inscrit dans le Grand Livre de l'Histoire qu'il faut relire calmement pour y voir plus clair aujourd'hui et surtout demain, et la modestie est certainement quelque part une forme de noblesse de coeur. Et si d'autres, proches ou non, t'ont trahi pour des motifs inavouables, sache, toi qui avais une sainte horreur du mensonge, que la vérité finit toujours par percer, c'est une justice à te rendre, dans l'honneur, la fidélité et le vrai devoir de mémoire.
Alors, la « Gloire de mon Père », oui, pour le mien aussi.
Claude SEGARD SANGATTE BLERIOT.
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Commentaires
bsr
pourriez en dire autant des personnes agées